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art - Paris Berkeley 2002-2006
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Maeda |
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COMPUTER DESIGN
Artiste
et designer numérique, John Maeda considère l'ordinateur comme un
matériau de création plutôt qu'un outil technologique sophistiqué.
Fils d'un immigré japonais arrivé sur la côte Est dans les
années 50, diplômes d'ingénieur et de designer en poche, il
dirige aujourd'hui le Physical Language Workshop au MIT de Boston.
Graphiste
de talent, il a réalisé des plaquettes publicitaires, assuré
la direction artistique d'ouvrages éditoriaux et la conception de logos
pour des entreprises ; il a travaillé entre autres pour Sony, Absolut Vodka,
Shiseido Cie ou le New York times.
Dans ses travaux personnels, il aborde
les problématiques contemporaines : la série, la répétition,
les frontières entre représentation et abstraction.
Il programme
lui même toutes ses applications et rejette les programmes graphiques trop
commerciaux comme Flash ou Photoshop qui selon lui sont très orientés
vers les effets et ne proposent pas de base fondamentale sur laquelle il peut
réfléchir.
Jetant un regard aigu sur la relation homme machine,
il prend le contre-pied de nombreux artistes digitaux qui ne voient dans l'ordinateur
que des pinceaux sophistiqués et dans les techniciens que des hommes-machines
au service de créateurs plus ou moins inspirés...
Il encourage
ses étudiants à expérimenter encore et encore, à agir
plutôt qu'à trop réfléchir dans la réalisation
de leurs œuvres numériques, à mettre en avant sensibilité
et intuition plutôt que rationalité et planification.
©
Maeda
VISITE D'ATELIER
John Maeda : vit et travaille à Lexington dans le Massachussets.
Il vient de recevoir le National Design Award aux USA. Il enseigne le design numérique
au MIT Media Lab. Il a dirigé pendant huit années l'Aesthetics and
Computation Group (ACG) de Boston.
Quels
conseils donnes-tu à tes étudiants ?
" Ne réfléchissez
pas, agissez " est le seul conseil que je donne à mes étudiants.
J'aurais aimé être l'auteur de cette maxime, mais je pense que le
poète Horace a déjà dit quelque chose comme ça.
S'il
y a une condition préalable à remplir pour entrer dans la création
numérique, c'est la passion de la découverte, une passion bien antérieure
à l'existence de l'ordinateur.
Quelle
est ton approche des computers ?
Au
début de ma carrière, je me suis donné beaucoup de mal pour
contrer l'idée répandue depuis les années 80 selon laquelle
l'ordinateur n'était jamais qu'un nouveau type de crayon. J'ai toujours
pensé que ce n'était pas un outil mais un nouveau matériau
d'expression. Internet m'a donné raison.
On observe aujourd'hui un phénomène
étrange. A mesure que la programmation devient facile et accessible, les
outils d'expression deviennent de plus en plus complexes et difficiles d'utilisation.
L'écriture des programmes est facilitée mais les logiciels ainsi
créés sont moins originaux et se ressemblent tous entre eux. Je
pense qu'un jour ces outils deviendront si complexes qu'ils risqueront d'entraver
notre libre créativité.
©
Maeda
Peux
tu nous parler de la notion d'infini ?
La notion d'infini m'a toujours
passionné. Peut-être parce que c'est le seul concept mathématique
et philosophique qui échappe à l'ordinateur au niveau le plus fondamental.
Tous les méga octets du monde ne m'empêcheront pas de penser qu'il
n'existe pas de mémoire infinie. J'ai programmé un ordinateur qui
pouvait dessiner des boucles infinies à l'écran. Je dis bien "
pouvait ", car c'est ici le mot clé, une panne d'électricité
aurait en effet empêché l'ordinateur d'atteindre son objectif.
L'infini
est au delà de tout ce que l'on peut imaginer et les ordinateurs partagent
avec les hommes la même incapacité à assimiler cette notion.
Et
de ta relation au temps…
Avec les technologies modernes de l'information
nous nous situons à un moment du temps où la signification du mot
" maintenant " prend une dimension globale. A mon sens, le grand défi
d'aujourd'hui est d'essayer d'étendre le " maintenant " pour
mieux savourer l'instant en nous-mêmes. Le monde changera toujours assez
vite. La technologie est en mouvement et ce mouvement aura des incidences sur
notre avenir virtuel…
©
Maeda